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Vie du club

Marie au sommet…

J’AI TROQUE MON VELO
CONTRE…
LES PENTES DU KILIMANDJARO !
Il y a plus de six mois, je vous annonçais mon projet un peu fou : gravir le Kilimandjaro cette année avec un groupe de personnes atteintes du syndrome de Usher. Ce projet visait à faire connaître notre pathologie et à récolter des fonds pour la recherche médicale.
Une expédition hors du commun, humaine et solidaire, un vrai défi porté par le groupe Kili Usher qui a prouvé qu’avec une surdicécité, rien n’est impossible ! Et ils y sont parvenus ! Sauf que… moi, je n’étais plus dans ce groupe.
Quand l’aventure commence… avant même la Tanzanie
Tout bascule au contrôle de la douane de l’aéroport de Paris-CHG. On me confisque mon passeport : déclaré perdu… il y a des années… mais retrouvé une semaine après. Sauf que j’avais bien sûr oublié ce détail. (On dit merci à ma mémoire sélective !). Résultat : retour express à la maison, demande de passeport temporaire en urgence, attente interminable… Par miracle, je récupère ce précieux sésame au bout de 4 jours.
Problème : mon groupe Kili Usher était déjà en train de grimper le Kilimandjaro… cruel timing.
C’est là que la solidarité prend tout son sens. Grâce à la réactivité et à l’immense bienveillance de Vanessa Morales, notre guide et Florent Marc, une autre option s’offre à moi : rejoindre le groupe déjà constitué, URAFIKI JUU. Une nouvelle chance que je saisi les yeux fermés (enfin… façon de parler !). Explosion de joie, larmes de gratitude : oui l’aventure continue pour moi aussi !
Quelques jours plus tard, je m’envole pour la Tanzanie, un peu décalée dans l’aventure mais bel et bien prête.


LES PREMIERS JOURS D’ASCENSION
JOUR 1 – Porte de Rongaï, 1960m
C’est le grand départ ! Nous traversons une forêt tropicale humide, l’ambiance est « polé-polé » (doucement, en swahili).
Je suis aux anges. J’avance au rythme du groupe, parfois stoppée par une racine ou une pierre invisible qui me rappelle que je ne vois qu’un centième de ce qu’il y a autour. Heureusement, j’ai à mes côtés mon copilote de cordée, Raymondy, un porteur-guide attentif qui me glisse des « up », « down », « droite » « gauche » au bon moment. Mon ange gardien en version boussole humaine.
8 km de marche et nous arrivons à notre premier camp : tentes montées, nos gros sacs à dos déjà là. Une logistique de folie assurée par les porteurs : sans eux, rien ne serait possible.
Le soir, moment inédit : dîner dans la tente commune. Nous sommes 9 autour de la table (2 autres nous rejoindront dès le lendemain). D’habitude, je fuis le brouhaha qui me plonge dans un concert de « casseroles » incompréhensible. Ici, non. La montagne m’apaise, les
visages rayonnent et je me sens enveloppée de chaleur humaine. Etrangement, je me sens bien.
JOUR 2 – Second Cave Camp, 3450m
12 km de marche à travers des paysages de plus en plus minéraux.
Première rotation jusqu’à 3600m : monter et redescendre pour habituer nos corps à l’altitude. Je me sens prête et confiante.
JOUR 3 – Third Cave Camp, 3800m
Au-dessus des nuages, le Kilimandjaro apparaît, majestueux, décriront mes compagnons dans leurs récits. Moi, avec mon champ visuel réduit à une paille, je distingue juste une « colline ». Et c’est très bien comme ça : qu’importe mon regard, je SAIS que là devant, se dresse une montagne de 5895m. Et rien que cette idée me transporte.
5kms de marche et nous arrivons au 3e camp. Deuxième rotation pour l’acclimatation à 3900m. Pas un signe de fatigue inhabituelle. Pas de mal d’altitude. Je me sens forte. Confiante. Heureuse.
JOUR 4 – Kibo Hut, 4700m
8 km de marche et nous voilà à notre dernier camp avant le sommet.
Les jambes lourdes commencent à témoigner : oui, on grimpe. J’ai toujours le sourire. J’y suis, vraiment !
Cet après-midi, pas de rotation mais du repos pour les uns ou une sieste pour les autres avant l’attaque finale. Réveil prévu à 23h30… sauf que ma frontale me lâche après des heures de charge. Ironie du sort ! Pas question de déranger tout le monde. Alors je respire, j’organise mes affaires dans le noir, avec minutie, pour ne rien oublier. Et par miracle, Flo rallume ma lampe quelques minutes avant le départ.
JOUR 5 – Nuit d’ascension
Minuit et demi, c’est parti. Nous avançons en file indienne. Mais cette fois, pas de lacets doux. Tout droit vers le ciel (enfin j’imagine !). L’air se raréfie. Comme si la montagne avait décidé de tester notre mental. Chaque pas pèse une tonne. Je m’arrête, je repars, encore. Peu à peu, le manque d’oxygène se fait plus violent.
A 4930m, le couperet tombe. Ma saturation en oxygène chute sous les 70%, Vanessa m’annonce fermement mais doucement que je dois redescendre.
Je passe par une tornade d’émotions : incompréhension, déception, colère, tristesse. J’ai envie de crier. Je voulais tant y arriver, me voilà stoppée nette aux portes du toit de l’Afrique. J’ai confiance en Vanessa. Je descends, résignée, blessée dans mon orgueil, mais lucide.
De retour à Kibo Hut, dans ma tente, les larmes coulent. Puis je tente de me raisonner, de penser au groupe, encore là-haut à grimper, de leur envoyer force et courage. Pourvu qu’ils y arrivent. Mais moi, je reste incomplète.
Et après ?
Alors oui, j’ai gravi le Kilimandjaro jusqu’à 4930m. Pas jusqu’au sommet. Pas cette fois. Est-ce un échec ? Non je ne crois pas. Parce que j’ai vécu une aventure humaine et sportive incroyable. Parce que j’ai rencontré des personnes formidables, avec qui j’ai partagé bien plus que des pas dans la montagne.
Le groupe URAFIKI JUU porte tellement bien son nom, « amitié au sommet » en swahili.
Et c’est exactement ce que j’ai trouvé là-haut : de l’amitié, de la force collective et une joie sincère qui vaut bien tous les sommets.


Et surtout une certitude : je reviendrai terminer ce que j’ai commencé.
Kili Usher et Urafiki Juu, ce ne sont pas seulement des groupes, ce sont des familles de combat, des sources d’inspiration et de force.
Kili Usher rassemble des personnes atteintes du syndrome de Usher qui, malgré les défis imposés par leur double handicap, ont choisi de grimper ensemble les pentes du Kilimandjaro pour faire entendre leur voix et soutenir la recherche médicale.
Urafiki juu, quant à lui, incarne cette solidarité fraternelle où chaque pas vers le sommet est une victoire collective contre le cancer.
Ces 2 projets m’ont montré qu’au-delà de la maladie, c’est bien la solidarité, le courage et la résilience qui nous portent.
Si cette aventure vous touche et que vous souhaitez la soutenir, même modestement, votre aide sera précieuse pour faire avancer la recherche et donner de l’espoir à celles et ceux qui en ont besoin.
Vous pouvez soutenir Jurafiki Juu via leur cagnotte : URAFIKI JUU – KILIMANDJARO 2025 pour la recherche contre le cancer.
Ce 1er défi-voyage en Tanzanie aura permis Kili Usher de récolter 26740€ lesquels ont été reversés à l’Institut de la Vision le 30 octobre dernier à Paris. La cagnotte étant maintenant fermée, vous pouvez néanmoins soutenir la recherche sur le syndrome de Usher directement à l’Institut de la Vision à Paris, un centre de recherche de renommée internationale dédiée aux maladies rares de la vision via leur site institut-vision.org

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